La Rusticité, qu’est-ce donc ?

Rusticité = résistance au froid

La rusticité, selon la définition du Larousse, correspond à
l’aptitude d’une plante ou d’un animal à supporter des conditions de vie difficiles.
Dans le langage du jardinier, ce qualificatif est devenu, par dérive,
la capacité d’une plante à résister au froid, au gel dans une région donnée.

La rusticité est une appréciation de la résistance au froid d’une plante.
Cette appréciation est plus ou moins subjective et dépend de nombreux facteurs comme :
l’exposition, la nature du sol, l’humidité, l’intensité et la durée du froid…

C’est une notion qui découle de différentes expériences de cultures et d’observations faites sur le terrain.

La Rusticité est classée en zones géographiques :

Zone 1: >-45°c         Zone 2: -45°c à -40°c         Zone 3: -40°c à -34°c         Zone 4: -34°c à -29°c

Zone 5: -29°c à -23°c         Zone 6: -23°c à -18°c         Zone 7: -18°c à -12°c         Zone 8: -12°c à -7°c

Zone 9: -7°c à -1°c          Zone 10: -1°c à +4°c        Zone 11: >+4°c

Ainsi, quelques exemples de végétaux cultivés dans ma pépinière et leur classification géographique:

Zone 2:    x Framboisier    x Groseillier    x Elaeagnus Angustifolia    x Caragagnier de Sibérie

Zone 3:    x Cassissier     x Fraisier     x Bleuet     x Pommier     x Tilleul     x Rosier sauvage

Zone 4:    x Houblon    x Asiminier    x Kiwaï    x Amélanchier    x Poirier    x Noisetier    x Noyer

Zone 5:    x Vigne Labrusca       x Goji       x Prunier       x Pêcher       x Cognassier
                 x Cerisier      x Néflier d’Allemagne       x Cornouiller       x Tetradium Danielli

Zone 6:   x Caseille   x Mûre sans épines   x Amandier   x Mûrier Noir   x Vigne Vinifera   x Châtaignier

Zone 7:   x Poncirus Trifoliata     x Kaki

LES FACTEURS QUI INFLUENT SUR LA RUSTICITÉ

La rusticité d’une plante est une donnée indicative et de nombreux facteurs autres que seulement le froid, peuvent influer sur sa résistance.

L’exposition de la plante au soleil et au vent

  • Le soleil réchauffe le sol et les plantes. Celui du matin (exposition est) favorise un réchauffement rapide de la végétation.
    Lorsque les tiges et les bourgeons (ou feuilles chez les plantes persistantes) sont gelées,
    un dégel trop rapide peut détruire les tissus végétaux en les faisant « éclater », sans leur laisser la moindre chance de se régénérer.
    Au contraire, une exposition nord, sud ou ouest, tout comme l’abri d’un arbre ou d’une haie,
    permettra à la plante de se réchauffer lentement, limitant les dommages liés au gel. 
    L’exposition au nord limite les changements brutaux de température entre le jour et la nuit,
    Un mur au sud aura tendance à restituer pendant la nuit un peu de la chaleur qu’il a absorbée dans la journée.

  •  Le vent influe considérablement sur la température « ressentie ».
    Nous en faisons souvent l’expérience, les plantes aussi, et en particulier leurs parties aériennes qui sont sensibles aux vents glacés.
    En hiver, le vent double l’effet du froid en abaissant la température de plusieurs degrés, en desséchant l’air et les plantes,
    et en cassant les feuilles persistantes ou les tiges chargées de bourgeons.

  • La nature du sol est un facteur essentiel pour la rusticité d’une plante :
    en effet, les racines continuent de vivre sous terre tandis que la végétation aérienne semble endormie en hiver.
    Il suffit de les imaginer prises dans un bloc de glace pour comprendre qu’elles ne peuvent plus assurer leur fonction essentielle.
    Asphyxiées, privées d’oxygène, elles sont par exemple incapables d’absorber l’eau et la nourriture indispensables à la survie de la plante.
    Plus le sol est drainant et perméable (caillouteux, sableux, graveleux, léger) et plus il évacue l’eau rapidement
    rendant ainsi impossible cette prise en glace des racines
    .
    Au contraire, un sol lourd, compact, « collant », riche en argile, piège l’eau pour longtemps et
    constitue un facteur aggravant du froid en cas de forte gelée.

    => Le choix de l’emplacement s’avère très important : la plantation dans une cuvette, qui récupère l’eau de ruissellement des pluies, favorisera l’engorgement du sol en eau, et donc la formation de blocs de glace au niveau des racines. Tandis qu’une installation en massif surélevé, sur un talus ou sur une pente, permettra à l’eau de s’écouler plus facilement et limitera sa pénétration dans la terre.

    => Enfin, un sol pierreux se réchauffera beaucoup plus vite qu’un sol argileux.

  • La durée de l’épisode de froid est un élément déterminant, au moins autant que la température la plus basse relevée.
    Un gel intense mais de courte durée (par exemple : quelques heures en fin de nuit, suivi d’une remontée des températures au-dessus de zéro dans la journée) n’aura pas le même impact destructeur que dix jours sans dégel,
    qui permettront au sol de geler sur plusieurs centimètres au niveau des racines. 
    Le « durcissement » des plantes, dépendant de l’arrivée plus ou moins soudaine du froid, influe aussi beaucoup sur leur sensibilité au gel.
    Les jardiniers constatent également que les fortes gelées de fin d’hiver, survenant alors que la végétation est prête à redémarrer, font des dégâts bien supérieurs aux gelées de même intensité qui surviennent au cœur de l’hiver alors que les plantes sont au repos.

     

  • L’âge de la plante influe également de façon notable sur sa capacité à résister au froid.
    Une plante adulte cultivée au jardin depuis au moins 3-4 ans  fera plus facilement face aux aléas climatiques qu’un jeune plant mis en terre depuis peu.
    La plante âgée aura développé un système racinaire plus profond, plus important, gorgé de réserves et donc plus apte à résister aux conditions difficiles.
    Un arbuste ou un arbre mature portera des branches et une écorce plus épaisses, formant une bonne protection contre le froid.
    Sa capacité à développer de nouveaux bourgeons dits dormants pourra également dans certains cas lui permettre
    de repartir de la souche ou même vers la base des branches après avoir été endommagée par le froid.

     

  • L’époque de plantation doit également être choisie avec soin, en fonction de la rigueur de l’hiver dans chaque région.
    Selon que l’on se trouve à Brest, à Marseille ou à Verrières-en-Forez, on ne plante pas forcément les mêmes végétaux aux même moments de l’année.
    Dans nos régions les plus froides, il est préférable de planter en pleine terre les plantes qui sont installées en zone limite de rusticité au printemps, dès la fin des gelées : elles auront plusieurs mois pour prendre des forces et s’installer avant l’arrivée du froid.
    Par exemple lorsqu’on plante un Plaqueminier (Kaki) ou un Poncirus Trifoliata (Citronnier épineux du Nord), rustiques à -12/-18°C
    dans nos Monts du Forez (zone 7, minimales -12/-18°C).
    Tandis qu’à l’inverse, on plantera en automne dans les régions douces et soumises à des étés secs.

     

  • La pluie, ou plutôt la régularité et l’abondance des précipitations hivernales, joue un rôle important dans la rusticité.
    Tout comme un sol drainant laisse « filer » l’eau en profondeur, un sol sec en hiver permet d’augmenter la résistance au froid de quelques degrés.
    Certains végétaux, comme le cerisier par exemple, craignent davantage l’humidité permanente que le froid lui-même.
    Il en est de même pour des plantes de climats semi-désertiques qui résisteront à quelques degrés de gel, mais dans un sol très sec.
    Certaines plantes alpines et de haute montagne survivent aux basses températures grâce à la protection d’un épais manteau de neige,
    qui les isole du froid mais aussi de l’humidité.

  • La culture en pot à l’extérieur accentue la fragilité des plantes vis-à-vis du froid :
    le volume de terre y est réduit, et toute la surface du pot est en prise directe avec le gel. Ce qui favorise la formation de glace tout autour des racines.

AMÉLIORER LA RUSTICITÉ D’UNE PLANTE

Si la rusticité de la plante est « un peu juste » pour votre région (cf la carte des climats ci-dessous),
vous pouvez améliorer sa résistance au froid en mettant en oeuvre différentes protections.
En effet, pour leur offrir de meilleurs conditions, vous pouvez agir à plusieurs niveaux :

1) Bien choisir l’exposition :

  • Choisir pour les plantes les plus fragiles les endroits les moins froids de votre jardin en hiver (repérés objectivement à l’aide d’un thermomètre)
    comme par exemple un mur exposé au sud.
  • Exclure pour vos plantes frileuses les zones exposées aux vents dominants, en particulier s’ils viennent du nord ou de l’est.
    L’abri d’une haie ou d’un bosquet de persistants est souvent un bon refuge pour les plantes les moins rustiques.
    Tout comme les murs d’une habitation ou d’un garage. En fonction des exigences de chacune en matière d’ensoleillement,
    offrez-leur une exposition nord (les écarts de températures y sont temporisés), ouest ou sud, en évitant l’est.

2) Améliorer le drainage :

  • Si votre terre est lourde et humide en hiver, mélangez à la terre de votre jardin une bonne part de graviers, de pouzzolane et de terreau de feuilles.
  • Plantez sur « butte », sur une pente ou dans un massif surélevé de 20 à 30 cm, sur un talus ou dans une grande rocaille.

3) Limiter les effets du froid en protégeant vos plantes : 

  • Disposez au pied de la plante un épais paillis composé de paille ou de frondes de fougères par exemple. Ce « matelas » isolera le sol du froid, tout en limitant l’infiltration de l’eau au niveau de la souche de la plante s’il est bien positionné. Vous pouvez aussi, mais dans certains cas (sur les vivaces ou les bulbes par exemple) disposer une toile imperméable (bâche plastique) sur ce paillis pour conserver un sol sec en hiver, mais seulement si la plante l’exige.
  • Rassemblez les tiges et liez-les souplement pour protéger le cœur de la plante (graminées, vivaces ou arbustes persistants frileux)
  • Entourez la plante avec un voile d’hivernage double épaisseur, cela permet de gagner facilement 2°C, essentiellement par un effet coupe-vent. Il sera disposé de préférence sur la partie basse de la végétation si elle est déjà bien développée. Aérer au cours de la journée si les températures remontent, pour permettre à cette protégée de respirer.

Retenez que plus les conditions climatiques sont difficiles, plus il faut soigner la plantation en fonction des exigences de chaque végétal,
et plus il faut l’acclimater avant l’arrivée de l’hiver à votre jardin, à votre situation géographique, à votre environnement naturel proche
.

C’est ainsi que ma pépinière d’altitude revêt sa fonction de 1er tampon d’acclimatation des végétaux avant d’être plantés chez vous.

LES ZONES DE RUSTICITE EN FRANCE

Initialement créées aux USA par le département de l’agriculture, d’où leur appellation d’USDA, ces zones  sont matérialisées sur une carte.
Elles sont établies à partir des moyennes de la température minimale relevée, sur environ 20 ans.
Ces zones sont numérotées de 1 à 11. Chaque zone est subdivisée en a et b sur la base d’environ 2,78 °C d’écart.

En pratique, pour déterminer quelles sont les plantes rustiques dans votre jardin, vous pouvez corriger votre zone de rusticité de façon positive
(en gagnant quelques degrés) ou négative (en perdant quelques degrés) selon différents facteurs que nous avons détaillés plus haut.

Cette cartographie, si elle est un indicateur précis des températures hivernales minimales, ne tient pas compte d’autres facteurs qui influent de façon importante sur l’adaptation d’une plante à telle ou telle zone climatique :
certaines spécificités comme par exemple la nature ou l’humidité du sol et l’exposition au vent ne sont pas prises en compte.
Ainsi, des sites ayant les mêmes minima hivernaux, mais sur des durées très différentes, seront classés dans la même zone.

Le paramètre exposition abritée (pas de vent, contre une façade au sud ou au sud-ouest) permet également de « gagner » environ 2°C de chaleur.
Les deux paramètres  « nature du sol très drainant » et « exposition abritée » se cumulant de façon positive pour la plante,
il vous sera possible de tenter la culture d’une plante de zone 7 (-17.8°C à -12.2°C) dans votre jardin très abrité situé en zone 6a (-23.3°C à -20.6°C)

Ces quelques degrés en plus ou en moins peuvent faire toute la différence !